C'est avec curiosité que j'ai voulu découvrir les ateliers "Petites Mains" que propose Alexandra, animatrice en langue des signes avec les tout-petits.
En effet, pourquoi apprendre si tôt un mode de communication que l'on peut croire réservé uniquement aux sourds et aux malentendants...J'ai prévenu Alexandra: il fallait me convaincre!
J'ai voulu en savoir un peu plus, avant d'expérimenter moi-même ces ateliers avec mon Boy de 14 mois.
Mamomans: D'où vient cette idée de signer avec son bébé?
Alexandra Praneuf: Le concept vient des États-Unis, où ce type d'ateliers est très développé. Mais l'ouverture vers la culture sourde en général est aussi beaucoup plus grande, et les sourds beaucoup plus intégrés dans la société. Il existe des universités, des villes entièrement adaptées, qui utilisent la langue des signes.
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| "Encore!" |
C'est un étudiant américain, Joseph Garcia, qui remarqua à la fin des années 1980 que les enfants entendants de ses amis sourds signaient très tôt, vers 9 mois. Parallèlement, Lina Acredolo, PhD à l'université de Californie , avait observé que sa fille inventait des signes pour se faire comprendre.
On remarque que les enfants signent plus tôt qu'ils ne parlent (au revoir, bisou, oui, non...), alors pourquoi ne pas appliquer les signes à d'autres messages?
En France, c'est Nathanaëlle Bouhier-Charles qui a introduit cette pratique après avoir vécu aux États-Unis, et y avoir suivi des ateliers en langue des signes. Réticente au départ, elle a vite été convaincue de développer cela en France, ce qu'elle a réussi avec le concours de Monica Companys, éditrice et elle-même sourde.
En France, il existe aujourd'hui deux associations, "Signe avec moi" et "Signes 2 mains", je ferai bientôt partie de la première.
M: Quel est l'intérêt de signer pour l'enfant et pour les parents entendants ?
A. P: Il s'agit d'un moyen de communication différent, qui va permettre aux parents et à leurs enfants de mieux se comprendre, alors que le langage oral n'est pas installé.
Ainsi, les bébés peuvent mieux exprimer ce qu'ils veulent, ou pourquoi ils pleurent, par exemple, et ne plus ressentir une frustration due à cette non-acquisition de la parole.
Et de fait les parents sont plus à même de répondre à leurs besoins.
M: Quelle était ta formation avant d'animer ces ateliers de langues des signes avec bébé?
A.P: J'ai d'abord été enseignante, j'étais professeurs des écoles mais j'ai démissionné. Puis j'ai à nouveau travaillé comme au collège expérimental du Mans où j'étais "multicarte".
M: Comment as-tu découvert la langue des signes et pourquoi t'y es-tu intéressée?
A.P: C'est en lisant "Élever son enfant autrement", de Catherine Dumonteil-Kremer que j'ai découvert cette pratique. Lorsque mon fils avait 2 mois, j'ai suivi des ateliers au Mans, où l'animatrice en charge cherchait quelqu'un pour prendre le relais.
C'est un moment privilégié que l'on passe avec son enfant, par un moyen de communication différent. Je crois que par ce biais, on découvre son enfant autrement.
M: N'y a-t-il pas un risque de surcharge cognitive à un âge ou les apprentissages sont déjà très nombreux?
A.P: Non, à cet âge, les bébés intègrent beaucoup de choses très rapidement. Au contraire, la langue des signe les libèrent car ils peuvent s'exprimer plus facilement. L'apprentissage est progressif, il vient doucement.
M: Vers quel âge est-il recommandé de commencer la langue des signes avec son bébé?
A.P: Il n'y a pas d'âge défini. On recommande de commencer vers 6 ou 7 mois, mais surtout pour que les parents aient le temps d'intégrer les signes! Au départ, c'est le parent qui signe en parlant, puis vers 12 mois, l'enfant fera ses premiers signes [le lendemain de l'interview, le fils d'Alexandra, 11 mois, faisait son premier signe!].
Certains parents débutent dès la naissance, j'ai moi-même commencé lorsque mon fils avait 2 mois, et les ateliers regroupent des enfants qui ont parfois plus d'un an, sans compter les grands frères, les grandes soeurs...
M: L'apprentissage de la langue des signes ne retarde-t-il pas l'acquisition du langage oral?
A.P: Non, puisque l'on suit le développement qui est propre à l'enfant, il s'agit d'un apprentissage progressif, pas d'un "cours", sans pressions. Et en signant, on continue à parler! Un bébé communique déjà par d'autres moyens avant de parler, mais il apprendra la langue orale en même temps qu'un bébé qui ne signe pas, puisqu'il est toujours plus simple de se faire comprendre de tous en parlant!
M: Comment faire pour devenir animateur?
A.P: On envoie un dossier d'inscription au responsable de région. Le niveau 1 en LSF est exigé. J'ai effectué une formation d'une semaine à Paris en septembre 2011, il y a trois ou quatre sessions partout en France chaque année. La formation n'est pas là pour apprendre la LSF, puisque l'on doit connaître une cinquantaine de signes au préalable. On apprend des notions sur la culture sourde, comment animer un atelier...Les différents animateurs rendent ces rencontres très intéressantes.
[Dans quelques jours, je découvrirai moi-même la langue des signes, lors d'un premier atelier avec mon fils...j'en reparlerai dans un futur article, bien sûr!]
Bibliographie:
-
Élever son enfant... autrement.Ressources pour un nouveau maternage de Catherine Dumonteil-
Kremer
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Signe Avec Moi de Monica Companys et Nathanaëlle Bouhier-Charles (livre qui explique le concept et
qui contient un lexique)
-
Bébés signeurs de Nathanaëlle Bouhier-Charles (elle explique comment elle a découvert le concept)
Webographie:
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www.petitesmainslemans.blogspot.com
- la page facebook :
Petites Mains (Signe Avec Moi Sarthe)
- Le site de l'association "Signe avec moi":
http://www.signeavecmoi.com/doku.php?id=
Pour contacter Alexandra :
-
alexandra.praneuf@signeavecmoi.com
La suite: l'article sur l'atelier "les vêtements et la toilette" c'est
ici.
Comme chaque mois, j'étais de passage ce matin dans l'émission "La Grande Famille" sur France Bleu Maine (96.0 Fm, ou http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-bleu/?tag=maine en ligne pour ceux qui sont plus loin!).
