Des livres accessibles au grand public existent, comme ceux de Isabelle Fillozat ou des revues telles que Peps (j'ai parlé ici des Peps' café, dont la démarche se rapproche un peu de tels ateliers), ou les livres d'Adele Faber et Elaine Mazlich, qui s'adressent autant aux parents, qu'aux enseignants ou aux éducateurs.
Au Mans, de tels ateliers se sont montés très récemment, dont ceux que dirige Adeline, qui répond ici à mes questions:
Mamomans: Peux-tu présenter ce que sont les ateliers Faber et Mazlich en quelques mots?
Adeline: Les
ateliers « parler pour que les enfants écoutent et écouter pour que les
enfants parlent » que j’anime sont basés sur un livre du même nom écrit
par Adèle Faber et Elaine Mazlish. Cet ouvrage s’inspire directement du travail
d’un psychologue américain, Haim Ginott inscrit dans le courant de la
psychologie humaniste.
Ces
Ateliers se présentent sous la forme d’un cycle de 7 séances de 2H30 où se
réunit un groupe de parents (ou non !). On se retrouve environ une fois
par quinzaine.
Ces
temps de rencontre ont pour objectif de développer ce que les auteures
appellent « des habiletés ». En réalité, il s’agit de techniques de
communication qui visent à améliorer les relations avec nos enfants et
apprendre à communiquer autrement.
6 thématiques sont abordées sur 6
séances
1- L’accueil
des émotions ou comment aider les enfants aux prises avec des sentiments
pénibles.
2-
Susciter
la coopération chez les enfants
3-
Comment
éviter la punition
4-
Encourager
l’autonomie
6-
Aider
les enfants à cesser de jouer des rôles ou comment se débarrasser des
étiquettes
La dernière séance est dédiée aux
révisions, et au bilan.
Chaque
séance se structure de la même manière. La première étape est la prise de
conscience de nos habitudes, de l’impact que peuvent avoir nos paroles, nos
attitudes sur la relation avec nos enfants.
Dans
la seconde phase, on découvre les habiletés via des Bandes dessinées qui n’ont
pour vocation que d’être illustratives et de bien faire comprendre les
habiletés.
Enfin,
on explore, on s’entraîne, on s’essaye à ces nouvelles habiletés par le biais
d’exercices, de jeux de rôles.
Chaque
séance débute par le retour de ce qui s’est vécu à la maison, on débriefe
tranquillement, chacun(e) exprime au groupe ses réussites et « ses
ratés », c’est un moment très important car après tout, c’est à la maison
que tout se joue.
M: A qui s'adressent ces ateliers ?
A: Ces
ateliers s’adressent évidemment aux parents… Mais pas que … Ils s’adressent à
tous les adultes qui sont amenés à croiser le chemin d’enfants ! (Sur
chaque cycle des personnes n’ayant pas
forcément d’enfants mais dont l’univers professionnel est tourné vers
eux, participent aux ateliers : personnes travaillant en crèches, dans le
monde de l’enseignement, puéricultrice, assistante maternelle, animateur…)
M: Qu'est-ce qui t'a menée vers l'animation de ces ateliers?
A: Le
point de départ est sans aucun doute la naissance de mon premier enfant. Avec
un Master II de Sciences de l’Education en poche, une longue expérience dans le
domaine de l’animation, et même une expérience d’instit’ avec des élèves de
maternelle à l'étranger, je pensais que mon rôle de maman ne serait pas trop
dur à endosser, vous imaginez donc quelle a été ma surprise ! J’ai eu
besoin de me nourrir et certainement de me rassurer via des lectures. J’ai
ouvert la porte d'un univers qui m’a réellement passionnée. J’ai été remué par
les livres d’Isabelle Filliozat, Catherine Dumonteil Kremer, Olivier Maurel,
Aletha Solter, Alice Miller, … et les livres d’Adèle Faber et d’Elaine Mazlish.
Ce qui est vraiment très intéressant avec ces deux derniers ouvrages c’est
qu’ils proposent des outils ludiques, simples à mettre en œuvre, que je trouve
« efficaces » alors qu’ils reposent sur des concepts qui sont
finalement assez complexes. C’est pour moi, un fabuleux moyen de vulgariser la
bienveillance et la communication non violente entre les gens.
J’ai
eu l’envie de partager tout cela avec d’autres personnes. Je me suis donc
formée en Août 2012 avec l’organisme « l’atelier des parents » pour
être en capacité d’animer ces ateliers. Je rajoute juste que mon rôle est bien
celui d’animateur et non de formateur. En effet, je suis au même titre que les
autres parents, en route sur mon chemin de parent, je ne suis pas une maman
experte ! Comme je le dis aux groupes que j’anime, « parfois,
souvent, c’est pas Faber et Mazlish à la maison ». Je connais bien la méthode
théoriquement, je manipule bien les concepts ad hoc, c’est autre chose quand il
s’agit de la vivre avec mes enfants en chair et en os. L’idée c'est bien de se
mettre en route ensemble.
M: D'où vient selon toi l'engouement actuel pour ces ateliers de
parentalité?
A: C’est
vrai que l’on sent les gens de plus en plus mobilisés autour des questions de
bienveillance et dans l’envie de s’interroger sur la place de l’enfant, tant
mieux ! Les découvertes de la science et notamment des neuro-sciences en
matière de développement de l’enfant et de l’adolescent ne nous laissent plus
le choix ! Il faut revisiter, dépoussiérer notre approche de la
puériculture et de notre relation à l’enfant/l’adolescent. Pour moi, les
ateliers de parents participent à cela. C’est aussi un moyen pour les parents
de rompre l’isolement et les tabous, deux fléaux de notre société. Non, ce
n’est pas évident d’être parent, non ce n’est pas que du bonheur et oui il est
possible de faire autrement sans pour autant s’oublier soi-même ou bien
encore faire de nos enfants des petits
monstres, soi-disant « pourris gâtés » ! Dans un univers
médiatique où sont brandis les spectres de « l’enfant-roi », du
« parent-parfait », difficile de composer son rôle de parent en toute
liberté et en accord avec soi-même. Difficile aussi de ne pas se mettre la
pression et de ne pas culpabiliser !
Les ateliers répondent tout simplement
à ces besoins fondamentaux d’être ensemble, d’échanger et de partager.
L’écueil
dans lequel pourrait tomber le courant nommé « parentalité positive »
est de nous nourrir cette course à la compétence parentale. Je pense qu’avant
de développer la compétence parentale et ainsi, contribuer au culte de la
performance dans laquelle notre société actuelle est largement ancrée, j’accentue
énormément l’idée maîtresse défendue par les auteures autour de l’estime de
Soi. C’est pour moi l’essentiel, tant pour les enfants que pour les parents.
Mon engagement professionnel via mon activité principale enracinée dans
l’Education Populaire nourrit ma réflexion et ma vision, certainement
personnelle de ces ateliers. Les parents ont, en premier lieu, besoin de se
sentir en confiance dans leur pratique, d’avoir une bonne estime d’eux-mêmes,
les ateliers peuvent y contribuer car ils représentent un véritable espace de
paroles.
Il
s’agit plus pour moi d’ateliers d’écoute, de soutien à la parentalité que le
développement de « compétences parentales ». En tous les cas, c’est
le sens que j’essaie de donner aux ateliers que j’anime.
M: Quels seraient les conseils les plus précieux de Faber et Mazlich selon toi?
A: Chaque
habileté (Trente sont proposées) ne sera pas reçue de la même façon par chacun
des participants. Chacun aura ses « habiletés préférées » et si l’une
utilisée se montrera très efficace avec certains enfants, elles le seront
beaucoup moins pour d’autres. A chacun de s’essayer.
Pour
ma part, beaucoup d'habiletés me sont utiles au quotidien. Mais au-delà des
habiletés, trois idées phares m’ont particulièrement aidée.
La
première émane du premier chapitre du livre, concernant l’accueil des émotions.
Il a agi comme un déclic. L’idée principale est l’importance d’écouter et
d’accueillir les émotions ressenties pour les enfants (et notamment les
sentiments négatifs tels que la colère, la tristesse, la frustration). Ici, il
ne s'agit pas de comprendre, d’accepter, d’analyser ou bien encore de juger les
émotions ressenties par les enfants, mais bien d’écouter, juste d’écouter. Les
enfants n’ont pas besoin que l’on soit d’accord avec ce qu’ils ressentent mais ont
besoin d’être entendus et par là-même écoutés et respectés en tant qu’être
humain, nous plaçant dans une relation d’égale à égale en terme d’humanité.
Pour moi, ça a eu l’effet d’une bombe, je n’avais plus à trouver la stratégie
adéquate ou bien encore la raison qui avait provoqué « la crise », ou
la souffrance mais écouté sa manifestation via les habiletés proposées. L'un
des adages sur lesquels repose ce premier chapitre est « tous les
sentiments sont légitimes, tous les comportements ne sont pas acceptables ».
Les auteures l’illustrent avec un exemple concret « je vois combien tu es
fâché contre ton frère, dis-le lui avec des mots pas avec tes poings ».
Ainsi, on ne remet pas en question ce qui est ressenti par l’enfant, on peut
lui demander néanmoins de modifier le comportement qui va avec.
Deuxièmement,
l’un des postulats qui traverse le livre est que la bienveillance commence par
soi-même. Difficile d’enseigner à un enfant que l’on a le droit de se tromper,
que l’erreur est source d’apprentissage si l’on montre dans le miroir un parent
qui ne se pardonne pas ses propres erreurs. La bienveillance ici repose aussi
sur la sincérité et l'authenticité de nos émotions et de leur expression, qui
nous permettent, je trouve, d'être nous-même. Beaucoup d'habiletés se basent
sur cette sincérité et authenticité de l'adulte sans lesquelles « ça sonne
faux ». Beaucoup d'habiletés également nous encouragent à exprimer notre
ressenti. On ne triche pas plus avec nos émotions qu'avec celles de nos
enfants. L'idée c'est bien que l'erreur fait partie du processus dans une
relation sincère et authentique, tous les ingrédients, à mon avis, pour tordre
le cou au mythe du « parent-parfait ».
Enfin,
et là encore, il s’agit d’une idée qui traverse l’ensemble des ouvrages d’Elaine
Faber et Adèle Mazlish est de réfléchir à la cohérence entre les moyens de
communication que l’on emploie avec nos enfants et les objectifs que l’on se
donne en terme d’éducation. Le passage du livre parle de lui-même :
«
Il me semble clair que notre but principal est de trouver des façons d’aider
nos enfants à être humains et forts. A quoi cela nous avancerait-il d’avoir
éduqué un jeune enfant à être soigné, poli et charmant s’il est incapable de
réagir devant la souffrance des autres ? Qu’a-t-on accompli si on a élevé un
enfant brillant, un premier de la classe, qui utilise son intelligence pour
manipuler les autres ? Et voulons nous des enfants tellement adaptés qu’ils
sont d’accord avec une situation injuste ?
Comprenez
moi bien : je ne m’oppose pas à ce qu’un enfant soit poli, soigné et
instruit. La question cruciale est pour moi la suivante : Quelles méthodes
a-t-on utilisé pour parvenir à ces fins ? S’il s’agit d’insultes, d’attaques ou
de menaces alors on peut être certain qu’on a aussi enseigné à cet enfant à
insulter, attaquer, menacer et plier sous la menace.
Si
d’un autre côté, on utilise des méthodes qui sont humanisantes alors on
enseigne quelque chose de beaucoup plus important qu’une série de vertus
isolées.
On
montre à l’enfant comment être une personne, un être humain qui peut conduire
sa vie avec force et dignité. »
Haim
Ginott, cité par Adèle Faber et Elaine Mazlish, dans « Parents Epanouis,
Enfants Epanouis »
Renseignements:
Nous sommes deux animatrices (à ma
connaissance) dans la Sarthe
Adeline rousseau
06 77 11 41 55
à Parigné L’Evêque
90€ et 12€ de cahier pédagogique
et Marie-Christine Loiseau
Le Mans
J'aime beaucoup Faber et Mazlich, leur écriture, leurs exemples concrets et leur volonté de déculpabiliser les parents, de dire que chacun fait de son mieux, que les erreurs sont normales et humaines...J'ai participé à une séance "découverte" et j'ai vraiment aimé cet esprit "animateurs et participants réfléchissent ensemble".
RépondreSupprimerPuis-je citer cette interview dans un prochain article?
Bonjour Emma June, oui, bien sûr, tant que l'auteur et le blog sont cités! je veux bien le lien de l'article ensuite! Bonne soirée!
SupprimerBonjour, Merci! C'est fait, voici le lien: http://readmymind.eklablog.com/l-education-savoirs-ou-instinct-a113280162
RépondreSupprimerBonjour
RépondreSupprimerJ ai suivi ces ateliers avec Catherine Mazzetta il y a déjà pls années au Mans lors de leur mise en place et peux témoigner de leur grand intérêt dans la communication avec les enfants et entre adultes également.
Bonjour
RépondreSupprimerJ ai suivi ces ateliers avec Catherine Mazzetta il y a déjà pls années au Mans lors de leur mise en place et peux témoigner de leur grand intérêt dans la communication avec les enfants et entre adultes également.
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